Soyez positif… même quand vous niez!

Remplacez les négations suivantes par des formules positives :

  1. a) Ce repas n’est pas mauvais (Ce repas est…).
    b) Cet enfant n’est pas laid (Cet enfant est…).
    c) Cette addition n’est pas bien calculée (Cette addition est…).

Suggestions de réponses

a) bon, délicieux
b) beau, charmant, joli
c) inexacte, erronée, incorrecte

Lorsqu’il s’agit de nier, les locuteurs recourent plus volontiers à la négation syntaxique (avec ne … pas) qu’à la négation lexicale (antonyme).

Ainsi, au lieu de dire Je hais (déteste, abhorre, exècre) la poutine, on dit Je n’aime pas la poutine ou Je n’aime pas vraiment (beaucoup) la poutine. Au lieu de dire Je suis fatigué (épuisé, éreinté, exténué…), on dit Je ne suis pas en forme( en grande forme ou « ben, ben » en forme…) Au lieu de dire Je suis mécontent, on dit Je ne suis pas content. En parlant d’un mets, on appréciera sa température en affirmant que ce n’est pas chaud, (pas chaud, chaud) au lieu de c’est tiède, c’est froid.

L’attrait pour la négation syntaxique est tel que, même dans le cas d’une appréciation positive, on y a recours. Par exemple, quand il s’agit d’évaluer un mets, on dira Ce n’est pas mauvais, Ce n’est pas pire au lieu de C’est délicieux (exquis, savoureux…). Quand on juge de l’aspect extérieur d’une personne, on utilise des tournures comme Elle n’est pas laide ( pas pire, pas mal…) au lieu d’affirmer qu’elle est belle (jolie, magnifique, attirante, éblouissante).

Plusieurs raisons peuvent justifier cette préférence pour la négation syntaxique, en particulier son caractère moins catégorique. Si elle offre l’avantage d’être plus discrète, moins tranchante, moins choquante, sa valeur atténuative, ou sa tiédeur, ne justifie pas toutefois que l’on néglige la négation lexicale, plus catégorique et absolue, mais aussi plus précise. N’est-il pas plus juste d’affirmer que ce spectacle était intéressant (plutôt que pas pire)? que cette tarte est délicieuse (plutôt que pas mauvaise)? que cet exercice est difficile (plutôt que pas facile)?

Sur l’appréciation négative propre au parler québécois, vous trouverez des pages savoureuses et toujours aussi actuelles dans l’ouvrage humoristique de Carl Dubuc, Lettre à un français qui veut émigrer au Québec (Montréal, Éditions du jour, 1968).